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nients ; et, pour contraster avec tout ce délire, le poëlo Gilbert, protestant par son attitude plus que significative. Nous disions que pas une voix ne s’était élevée contre tant d’idolâtrie : s’il fallait en croire les Nouvelles à la main de Metra, le satiri(juo n’aurait pu se contenir jusqu’au bout. EnsorUuit du spectacle, il se serait écrié, non sans courir le risque d’être littéralenuMit assommé par les assistants, « qu’il n’y avait plus ni mœurs ni religion, et « qu’enfin tout était perdu ^ ».

Après Irène, les comédiens jouèrent Nanine, qui fut accueillie avec le même parti-pris d’enthousiasme. Le départ de Voltaire et son retour jusqu’à l’hôtel des Thc-atins donna Heu aux mêmes scènes et aux mêmes acclamations.

Irène, dans une pareille soirée, n’avait été qu’un prétexte aux transports du public. Elle eut encore une représentation avant la clôture de Pâques, puis fut retirée. « Irèiie fut bientôt oubliée, dit Laharpe, mais on n’oubliera jamais ce triomphe du génie, décerné sur le théâtre de Paris à l’homme extraordinaire qui, sentant sa fin prochaine, était venu chercher la récompense de soixante ans de travaux, et qui, sans finir, comme Sophocle, par un chef d’œuvre, méritait comme lui de mourir sous des lauriers. »

1. On essaya de parodier cette scène du couronnement dans une estampe satirique représentant Voltaire Couronné non plus par les comédiens français, mais par les comédiens italiens. Dans cette estampe satirique, ce n’est plus la France qui décerne une couronne au buste du poëte, c’est Arlequin :

Il est beau de la recevoir,

Quaud c’est Arlequin qui la donne.