Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/383

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Mais, après cette injure, auriez-vous espéré
De ramener à vous un esprit ulcéré ?
Eh ! Pourquoi consulter, dans de telles alarmes,
Un vieux soldat blanchi dans les horreurs des armes ?

alexis

Ah ! Cher et sage ami, que tes yeux éclairés
Ont bien prévu l'effet de mes voeux égarés !
Que tu connais ce coeur si contraire à soi-même,
Esclave révolté qui perd tout ce qu'il aime,
Aveugle en son courroux, prompt à se démentir,
Né pour les passions, et pour le repentir !

Memnon sort.


Scène II

.

alexis, zoé.
alexis

Venez, venez, Zoé, vous que chérit Irène ;
Jugez si mon amour a mérité sa haine,
Si je voulais en maître, en vainqueur, en césar,
Montrer l'auguste Irène enchaînée à mon char.
Je n'ordonnerai point qu'une odieuse fête
Au temple du Bosphore avec éclat s'apprête ;
Je n'insulterai point à ces préventions
Que le temps enracine au coeur des nations :
Je prétends préparer cet hymen où j'aspire
Loin d'un peuple importun qu'un vain spectacle attire.
Vous connaissez l'autel qu'éleva dans ces lieux
Avec simplicité la main de nos aïeux :
N'admettant pour garants de la foi qu'on se donne
Que deux amis, un prêtre, et le ciel qui pardonne,
C'est là que devant Dieu je promettrai mon coeur.
Est-il indigne d'elle ? Inspire-t-il l'horreur ?
Dites-moi par pitié si son âme agitée
Aux offres que je fais recule épouvantée ;
Si mon profond respect ne peut que l'indigner ;
Enfin si je l'offense en la faisant régner.

zoé

Ce matin, je l'avoue, en proie à ses alarmes,