Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/386

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À vous faire oublier cette affreuse journée :
Votre père adouci ne reverra dans moi
Qu'un fils tendre et soumis, digne de votre foi.
Si trop de sang pour vous fut versé dans la Thrace,
Mes bienfaits répandus en couvriront la trace ;
Si j'offensai Léonce, il verra tout l'état
Expier avec moi cet indigne attentat.
Vous régnerez tous deux : ma tendresse n'aspire
Qu'à laisser dans ses mains les rênes de l'empire.
J'en jure les héros dont nous tenons le jour,
Et le ciel qui m'entend, et vous, et mon amour.
Irène, en s'attendrissant et en retenant ses larmes.
Allez ; ayez pitié de cette infortunée :
Le ciel vous l'arracha ; pour vous elle était née.
Allez, prince.

alexis

Ah ! Grand dieu, témoin de ses bontés,
Je serai digne enfin de mon bonheur !

irène

Partez.

Il sort.

En pleurant.

Suivez ses pas, Zoé, si fidèle et si chère.


Scène IV

irène

,

se levant.

Qu'ai-je dit ? Qu'ai-je fait ! Et qu'est-ce que j'espère ?
Je ne me connais plus... tandis qu'il me parlait,
Au seul son de sa voix tout mon coeur s'échappait :
Chaque mot, chaque instant portait dans ma blessure
Des poisons dévorants dont frémit la nature.
Elle marche égarée et hors d'elle-même.
Non, ne m'obéis point ; non, mon cher alexis ;
N'amène point mon père à mes yeux obscurcis :
Reviens... ah ! Je te vois ; ah ! Je t'entends encore :
J'idolâtre avec toi le crime que j'abhorre...
Ô crime ! éloigne-toi... ciel ! ... quel objet affreux !
Quel spectre menaçant se jette entre nous deux !
Est-ce toi, Nicéphore ! Ombre terrible, arrête :