Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/423

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Ce noble caractère et l’indigne et l’outrage.
Il aime Polycrate, il chérit son image.
Le barbare en abuse ; il n’est point de forfaits
Dont son emportement n’ait souillé le palais.
Le père fut tyran, le fils l’est davantage :
Sans la vertu d’Argide, et sans ce fier courage,
Votre sang malheureux, flétri, déshonoré,
Au lâche Polycrate allait être livré.

YDASAN.

Il eût fait cet affront à son malheureux père !

LA PRÊTRESSE.

Il l’osait : mais Argide est un dieu tutélaire,
Un dieu qui parmi nous aujourd’hui descendu,
Vient consoler la terre et venger la vertu.
Vous lui devez l’honneur, vous lui devez la vie :
Emmenez votre fille. Un barbare, un impie,
Aux lois des nations peut encore attenter ;
Son caractère affreux ne sait rien respecter.
Entre le crime et lui mettez les mers profondes ;
Qu’un favorable dieu vous guide sur les ondes !
Souvenez-vous de moi sous un ciel plus heureux.

YDASAN.

Vos vertus, vos bontés, ont surpassé mes voeux.
Sans doute avec regret de vous je me sépare ;
Mais il me faut sortir de ce séjour barbare ;
Il me faut mourir libre, et j’y cours de ce pas.


Scène II.



LA PRÊTRESSE, YDASAN, ÉGESTE.


ÉGESTE.

Nous sommes tous perdus : ami, n’avance pas ;
La mort est désormais le recours qui nous reste.
Argide, Polycrate, Ydace….

YDASAN.

Ah, cher Égeste !
Ma fille ! Ydace ! parle, et donne-moi la mort.

ÉGESTE.

Nous conduisions Ydace ; elle approchait du port ;