Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/425

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Il faut qu’un vieux soldat meure sans murmurer.
Mais toi ?

ÉGESTE.

S’il commettait cette horrible injustice,
Je ne puis, Ydasan, que vous suivre au supplice :
Le pouvoir despotique est maître de nos jours ;
Nous sommes sans appui, sans armes, sans secours…
Mais ne pouvez-vous pas, prêtresse qu’on révère,
Faire parler du moins votre saint caractère ?

LA PRÊTRESSE.

Ce temps n’est plus : j’ai vu que des dieux autrefois
On respectait l’empire, on écoutait la voix ;
Le remords arrêtait sur le bord de l’abîme ;
La justice éternelle épouvantait le crime…
Sur nos dieux abattus les tyrans élevés,
De nos biens enrichis, de nos pleurs abreuvés,
A nos antiques droits ont déclaré la guerre :
Là rapine et l’orgueil sont les dieux de la terre.

ÉGESTE.

Séparons-nous : on vient. C’est Agathocle en pleurs :
Comme vous il est père, et je crains ses douleurs ;
La vengeance les suit.


Scène III.



AGATHOCLE, SUITE.


AGATHOCLE.

Qu’on ôte de ma vue
Ce malheureux objet qui m’indigne et me tue :
Sur elle et sur son père ayez les yeux ouverts ;
Qu’ils soient tous deux gardés, qu’ils soient chargés de fers.
Amenez devant moi ce criminel Argide.

UN OFFICIER.

Votre fils ?

AGATHOCLE.

Lui ! mon fils ? non… mais ce parricide.
Mon fils est mort !

(On amène Argide enchaîné ; suite.
Égeste éloigné avec les gardes.)

(A Argide.)

Cruel ! il est mort par tes coups,
Et tu braves encor mes pleurs et mon courroux ;