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PREMliîRK JOURNÉE 497

La musique recommence, et on cliaute encore :

Sicile, en cet heureux jour,

Vois ce héros plein de gloire, etc.

Après cette reprise, l’empereur Phocas, la reine Cintia, et la fille du sorcier, s’en vont à la piste de cette vieille figure qui donne de l’inquiétude à Phocas, sans qu’on saciic trop pourquoi il a cette inquiétude. Alors ce vieillard, qui est Astolphe lui-même, vient sur le théâtre avec Héraclius, fils de Maurice, et Léonide, fils de Phocas. Ils sont tous trois vêtus de peaux do bêtes.

ASTOLPHE.

Est-il possible, téméraires, que vous soyez sortis de votre caverne sans ma permission, et que vous hasardiez ainsi votre vie et la mienne ?

LÉO-MDE.

Que voulez-vous ? cette musique m’a charmé ; je ne suis pas le maître de mes sens.

On entend alors le son des tambours.

HÉRACLIUS.

Ce bruit m’enflamme, me ravit hors de moi ; c’est un volcan <]ui embrase toutes les puissances de mon âme.

LÉONIDE.

Quand, dans le beau printemps, les doux zéphyrs et le bruit <]es ruisseaux s’accordent ensemble, et que les gosiers harmonieux des oiseaux chantent la bienvenue des roses et des œillets, leur musique n’approche pas de celle que je viens d’entendre.

HÉRACLIUS.

J’ai entendu souvent, dans l’hiver, les gémissements de la croupe des montagnes, sous la rage des ouragans, le bruit de la chute des torrents, celui de la colère des nuées : mais rien n’approche de ce que je viens d’entendre ; c’est un tonnerre dans un temps serein ; il flatte mon cœur et l’embrase.

ASTOLPHE,

Ah ! je crains bien que ces deux échos, dont l’un est si doux et l’autre si terrible, ne soient la ruine de tous trois.

HÉRACLIUS ET LÉONIDE, ensemble.

Comment l’entendez-vous ?

ASTOLPHE,

C’est qu’en sortant de ma caverne pour voir où vous étiez, j’ai rencontré dans cette demeure obscure une femme, et je crains bien qu’elle ne dise qu’elle m’a vu.

7. — Théâtre. VI. 32