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TROISIÈME JOURNÉE.."i.il

ina ruine si Héraclius est vainqueur, puisque son pouvoir détruira le mien. Si Lconide l’emporte, mes espérances sont superflues ; il est contre mes intérêts. Que ferai-jc ? ô ciel, secourez-moi ’ !

On entend les tambours.

PHOCAS.

Brute, infidèle à ton maître, qui, en brisant ton frein, brises les lois et le devoir, puisque tu oses ainsi prendre le mors aux dents, demeure, et, en courant ainsi déchaîné, ne fuis pas.

FllÉDÉUIC, à Héraclius.

Charge-moi ce Phocas.

PHOCAS tombe en sautant aux ennemis.

ciel ! ma vie est perdue !

HÉRACLIUS, courant sur lui.

C’est mon ennemi ; qu’il meure !

LÉONIDE.

Qu’il ne meure pas !

PHOCAS.

Malheureux ! qu’ai-je entendu ! tout est toujours équivoque entre eux. Toujours ces voix. Qu’il meure ! qu’il ne meure pas ! Qui des deux me tue ? qui des deux me défend ? Je suis toujours en doute, je suis confondu.

HÉRACLIUS.

Ne sois plus en doute à présent. Si tu as voulu faire ici l’essai de ta tragédie, la voici terminée. La vérité se montre. Nous avons changé de rôle, Léonide et moi.

PHOCAS.

Quel rôle ?

HÉRACLIUS.

Celui de Léonide était d’être cruel, le mien d’être humain ; il disait la première fois : « Qu’il meure ! » et moi : « Qu’il ne meure pas ! » Tout est changé ; c’est lui qui te défend, et c’est moi qui te donne la mort.

1. On ne conçoit rien à ce discours de Cintia. Je l’ai traduit fidèlement :

Pues No me puedo dcclarar, « Aunque quisicra, al temer

Si vence Heraclio, roi ruina, Pues es contra roi poder ; Si Leonido, roi esperanza ; Pues es contra roi interes, Que he de haccr ? cielos piadosos !

Comment peut-elle craindre Héraclius, qui est amoureux d’elle ? {Note de Voltaire.)