Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE I, SCtNE III. 49

Mais je sais mourir seul, j’y cours ; et cette épée

D’un sang que j’ai chéri ne sera point trempée.

Tremblez que les Humains, plus barbares que moi,

Ne recherchent sur vous le sang de votre roi.

Redoutez nos tyrans, et jusqu’à Massinisse ;

Si leurs bras sont armés, c’est pour votre supplice.

C’est le sang d’Annibal que leur haine poursuit :

Ce jour est pour tous deux le dernier qui nous luit.

Je prodigue avec joie un vain reste de vie ;

Je péris glorieux, et vous mourrez punie :

\ ous n’aurez, en tombant, que la honte et l’horreur

D’avoir prié pour moi mon superbe oppresseur.

Je cours aux murs sanglants que ses armes détruisent.

Laissez-moi : fuyez-moi ; vos remords me suffisent.

SOPHONISBE.

Non, seigneur ; malgré vous je marche sur vos pas ; Vous m’accablez en vain, je ne vous quitte pas, Je cherche autant que vous une mort glorieuse ; Vos malheureux soupçons la rendraient trop honteuse ; Je vous suis.

SYPHAX.

Demeurez, je l’ordonne : je pars ; Et Sypliax en tombant ne veut point vos regards.

SCÈNE III. SOPHONISBE, ph.€ ; dime.

SOPHOMSBE.

Ah ! PhcTdime !

PHyEDIME.

Il VOUS laisse, et vous devez tout craindre. Je vous vois tous les deux également à plaindre : Mais Syphax est injuste.

SOPHONISBE.

Il sort ; il a laissé Dans ce cœur éperdu le trait qui l’a blessé. J’ai cru, quand il parlait à sa femme éplorée. Quand il me présageait une mort assurée, J’ai cru, je te l’avoue, entendre un dieu vengeur,

7. — Théâtre. VI. 4