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CHANT CINQUIÈME

ARGUMENT
Les assiégés sont vivement pressés. La Discorde excite Jacques Clément à sortir de Paris pour assassiner le roi. Elle appelle du fond des enfers le démon du Fanatisme, qui conduit ce parricide. Sacrifice des ligueurs aux esprits infernaux. Henri III est assassiné. Sentiments de Henri IV. Il est reconnu roi par l’armée.


Cependant s’avançaient ces machines mortelles
Qui portaient dans leur sein la perte des rebelles ;
Et le fer et le feu, volant de toutes parts,
De cent bouches d’airain foudroyaient leurs remparts.
Les Seize et leur courroux, Mayenne et sa prudence,
D’un peuple mutiné la farouche insolence,
Des docteurs de la loi les scandaleux discours,
Contre le grand Henri n’étaient qu’un vain secours :
La victoire à grands pas s’approchait sur ses traces.
Sixte, Philippe, Rome, éclataient en menaces :
Mais Rome n’était plus terrible à l’univers ;
Ses foudres impuissants se perdaient dans les airs,
Et du vieux Castillan la lenteur ordinaire
Privait les assiégés d’un secours nécessaire.
Ses soldats, dans la France errant de tous côtés,
Sans secourir Paris, désolaient nos cités.
Le perfide attendait que la Ligue épuisée
Pût offrir à son bras une conquête aisée,
Et l’appui dangereux de sa fausse amitié
Leur préparait un maître, au lieu d’un allié ;
Lorsque d’un furieux la main déterminée
Sembla pour quelque temps changer la destinée.
Vous, des murs de Paris tranquilles habitants,
Que le ciel a fait naître en de plus heureux temps,
Pardonnez si ma main retrace à la mémoire
De vos aïeux séduits la criminelle histoire.
L’horreur de leurs forfaits ne s’étend point sur vous
Votre amour pour vos rois les a réparés tous.