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ÉTAT DES RECHERCHES HISTORIQUES.

Les Concini, les favoris de la reine, tenus à l’écart par Henri IV, étaient seuls intéressés à la mort du roi ; et Sully dirige, en effet, les soupçons sur eux dans ses Mémoires ; mais il était impossible d’imaginer aucune relation entre ces étrangers et le maître d’école d’Angoulême. Quant à Marie de Médicis, quoique cette reine ne fasse pas dans l’histoire une figure très-sympathique, il n’y a pas la moindre présomption qui permette de mêler son nom à ce complot imaginaire. Mézeray accueillit le premier, avec une complaisante légèreté, quelques-unes des allégations contenues dans les factums de la d’Escoman et de Dujardin. Après lui, on se laissa de plus en plus attirer par cette source de mystères et de scandales. Pour la plupart des historiens, ces documents équivoques sont devenus des textes irréfragables. On en a pris ce qui convenait, scindant les témoignages, laissant de côté ce qui s’y trouve de trop absurde, arrangeant arbitrairement ce qu’ils offrent de contradictoire et d’inconciliable, opérant des raccords, remplissant les lacunes par des insinuations qui se transforment bientôt en des affirmations tranchantes. Voltaire avait bien vu ce qu’il fallait penser sur ce point, et ses conclusions, conformes à la réalité des choses, sont celles que l’histoire adoptera définitivement[1].

L. M.

  1. Les pièces relatives au procès criminel de Ravaillac ont été souvent imprimées in extenso. Citons le petit volume qui a paru sous ce titre : « Procès du très-meschant et detestable parricide Fr. Ravaillac, natif d’Angoulesme, publié pour la première fois sur des manuscrits du temps, par P... D... À Paris, chez Auguste Aubry, l’un des libraires de la Société des Bibliophiles français, rue Dauphine, 16. — MDCCCLVIII. »