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404 ODE I.

Former un trône sous ses pieds. Ah ! je sais qui je vois paraître ! Franco, pouvez-vous méconnaître L'héroïne que vous voyez ?

Oui, c'est vous que Paris révère Comme le soutien de ses lis : Geneviève, illustre bergère, Quel bras les a mieux garantis ? Vous qui, par d'invisibles armes, Toujours au fort de nos alarmes Nous rendîtes victorieux, Voici le jour où la mémoire De vos bienfaits, de votre gloire, Se renouvelle dans ces lieux.

Du milieu d'un brillant nuage Vous voyez les humbles mortels Vous rendre à l'envi leur hommage. Prosternés devant vos autels ; Et les puissances souveraines Remettre entre vos mains les rênes D'un empire à vos lois soumis. Reconnaissant et plein de zèle. Que n'ai-je su, comme eux fidèle, Acquitter ce que j'ai promis !

Mais, hélas ! que ma conscience M'offre un souvenir douloureux ! Une coupable indifférence M'a pu faire oublier mes vœux. Confus, j'en entends le murmure. Malheureux ! je suis donc parjure ! Mais non ; fidèle désormais, Je jure ces autels antiques. Parés de vos saintes reliques, D'accomplir les vœux que j'ai faits1.

1. Lors de la réimpression faite en 1759, Fréron (Année littéraire, 1759, tome VI, page 137) fit sur cette strophe la singulière remarque que voici: « Ces vœux sont de faire hommage de tous ses écrits à sainte Geneviève, qu'il appelle