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ODE XI.

��SUR LA MORT DE L'EMPEREUR CHARLES VI'.

('1740)

Il tombe pour jamais ce cèdre dont la tète Défia si longtemps les vents et la tempête, Et dont les grands rameaux ombrageaient tant d'États.

En un instant frappée,

Sa racine est coupée

Par la faux du trépas.

Voilà ce roi des rois et ses grandeurs suprêmes :

La mort a déchiré ses trente diadèmes,

D'un front chargé d'ennuis dangereux ornement.

race auguste et fière !

Un reste de poussière

Est ton seul monument.

Son nom même est détruit, le tomheau le dévore : Et si le faible bruit s'en fait entendre encore,

��1. L'empereur Cliarlcs VI avait conclu, pou de temps avant sa mort, une paix desavantageuse avec les Turcs : il punit ses généraux qui n'avaient été que mal- heureux, quelques officiers qui avaient rendu des places qu'ils étaient charges de défendre, et fit faire le procès aux pléni-potentiaires qui avaient signé cette paix. Sa mort les sauva. On a prétendu qu'ils avaient reçu des ordres secrets de la grande-duchesse, depuis impératrice-reine. Il est du moins certain qu'ils l'avaient servie. Il était aisé de prévoir la mort prochaine de l'empereur, l'orage qui allait s'élever contre sa fille, et la nécessite de s'assurer de la paix avec les Turcs, beau- coup moins politiques, mais souvent plus fidèles observateurs des traités que les princes chrétiens. (K.)

— Le traité de paix entre le sultan et l'empereur est du l*"" septembre 1739; Charles VI mourut dans la nuit du 19 au 20 octobre 1740. Dans quelques éditions la pièce est intitulée « Ode sur la mort de l'empereur Charles VI, 2 novembre 1 740 ». Cette date du 2 novembre ne peut être que la date do la composition de l'ode. (B.)

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