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TRADUCTION^

��D'UNE LETTRE DE M. ANTOINE COCCIII

LECTEUR DE PISE

A M. RINUCCINI

SECRÉTAIRE d'État de Florence

SUR LA HENRI A DE

��Selon moi, monsieur, il y a peu d'ouvrages plus beaux que le poëme de la Henriade, que vous avez eu la bonté de nie prêter.

J'ose vous dire mon jugement avec d'autant plus d'assurance ([ue j'ai remarqué qu'ayant lu quelques pages de ce poëme à gens de différente condition et de différent génie, et adonnés à divers genres d'érudition, tout cela n'a point empêché la Henriade de plaire également à tous; ce (jui est la preuve la plus certaine que Ton puisse rapporter de sa perfection réelle.

Les actions chantées dans la Henriade regardent, à la vérité, les Fran- çais plus particulièrement que nous; mais, comme elles sont véritables, grandes, simples, fondées sur la justice, et entremêlées d'incidents qui frappent, elles excitent l'attention de tout le monde.

Qui est celui qui ne se plairait point à voir une rébellion étouffée, et l'héritier légitime du trône s'y maintenir, en assiégeant sa capitale rebelle, en donnant une sanglante bataille, en prenant toutes les mesures dans les- quelles la force, la valeur, la prudence, et la générosité, brillent à l'envi ?

II est vrai que certaines circonstances historiques sont changées dans le poëme; mais, outre que les véritables sont notoires et récentes, ces change- ments, étant ajustés à la vraisemblance, ne doivent point embarrasser l'esprit d'un lecteur tant soit peu accoutumé à considérer un poëme comme l'imita- tion du possible et de l'ordinaire, liés ensemble par des fictions ingénieuses.

��1. Cette pièce parut, pour la première fois, eu 1737, dans l'cdilion de la Hen- riade donnée par Linant. Voltaire, dans une lettre à Berger, nous apprend que la traduction est du baron Elderchen, qui, après avoir été envoyé de Holstcin à Paris, devint chambellan du roi de Suède. (B.)

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