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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/563

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STANCES. y4ï

L'Honneur, le Plaisir même, est le fils des Travaux; Le Mépris et l'Ennui sont nés de la Mollesse.

Ayez de l'ordre en tout : la carrière est aisée Quand la règle conduit Thémis, Pliébus, et Mars ; La règle austère et sûre est le fil de Thésée Qui dirige l'esprit au dédale des arts.

L'esprit fut en tout temps le fds de la Nature, Il faut dans ses atours de la simplicité ; Ne lui donnez jamais de trop grande parure : Quand on veut trop l'orner on cache sa beauté.

Soyez vrai, mais discret; soyez ouvert, mais sage, Et, sans la prodiguer, aimez la vérité :

Cachez-la sans duplicité ;

Osez la dire avec courage.

Réprimez tout emportement ; On se nuit alors qu'on ofi"ense; Et l'on hâte son châtiment, Quand on croit hâter sa vengeance,

La politesse est à l'esprit Ce que la grâce est au visage : De la bonté du cœur elle est la douce image Et c'est la bonté qu'on chérit.

Le premier des plaisirs et la plus belle gloire.

C'est de prodiguer les bienfaits : Si vous en répandez, perdez-en la mémoire ; Si vous en recevez, publiez-le à jamais.

La dispute est souvent funeste autant que vaine ; A ces combats d'esprit craignez de vous livrer. Que le flambeau divin, qui doit vous éclairer. Ne soit pas en vos mains le flambeau de la haine.

De l'émulation distinguez bien l'envie :

L'une mène à la gloire, et l'autre au déshonneur;

L'une est l'aliment du génie,

Et l'autre est le poison du cœur.

8. — Stances. 35

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