Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/603

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VARIANTES DU TIi.MI'LE DU GOUT. 080

cet acadéniifien avait faits en sa vie ; et cette dispute aurait duré lonj^temps entre eux si la Critique ne leur avait imposé silence, et ne leur avait dit : « Écoutez : vous, Laniotte, brûlez votre Iliade., vos tragédies, et toutes vos dernières odes, les trois quarts de vos fables et de vos opéras; prenez à la main vos premières odes, (|uol(jues morceaux do prose dans lesquels vous avez presque toujours raison, hors quand vous parlez de vous et de vos vers. Je vous demande surtout une demi- douzaine de vos fables, V Europe galante; avec cela, entrez hardiment.

« Vous. Rousseau, brûlez vos opéras, vos comédies, vos dernières alléiio- ries, odes, épii^rammes germani(iues, ballades, sonnets : jurez de ne plus écrire, et venez vous mettre au-dessus de Lamotte en qualité de versifica- teur : mais toutes les fois qu'il s'agira d'esprit et de raisonnement, vous vous placerez fort au-dessous de lui. » Lamotte fit la révérence, Rousseau tourna la bouche, et tous doux entrèrent à ces conditions.

— Dans une autre édition de 1733, après ce vers.

On lui forma la porto au nez,

on lisait :

Il fut fort étonné de ce procédé, et jura de s'en venger par quelque nouvelle allégorie contre le genre humain, (|u'il hait par représailles. 11 s'écriait en rougissant :

« Adoucissez cette rigueur extrême : Je viens chercher Marot mon compagnon; J'eus comme lui quelque peu de guignon. Le dieu qui rime est le seul dieu qui m'aime : Connaissez-moi; je suis toujours le même. Voici des vers contre rabl)é Bigiioni; J'ai tout fronde, Vienne, Paris, Versailles; J'ai rétracté l'éloge de Noaillos-. Du dieu i'iuton lisez le jugement ■',

��1. U faut apprendre au lecteur qu'il y a dans les Œuvres de Rousseau une mauvaise épi- gramme contre M. l'abbé Bignon, qui est regardé dans l'Europe, depuis quarante ans, comme le protecteur le plus zélé des lettres. Rousseau a tâché, dans cette épigramme, de tourner en ridicule une vertu si respectable; et voici comme il définit ce sage prélat, bibliothécaire <iu roi :

C'est celui qui sous ApoUoa

Prend soin des haras du Parnasse,

Et qui fait provigner la race

Des bidets du sacré vallon.

{yole de Voltaire, ilZZ.) ■2. Il avait autrefois fait des vers pour M. le duc de Noailles, où il avait dit :

Oli ! qu'il chaDsoune bien ! Serait-ce point Apollon dclphien ? Venez, voyez : tant a beau le corsage, etc.

Mais dans le même temps, ayant écrit une lettre contre M. le duc de Noailles, qui songeait à lui faire avoir un emploi, ce seigneur lui retira sa protection. Rousseau étant banni de France, lit depuis une pièce qu'il intitula la Palinodie, ouvrage généralement méprisé, (hl., ibid.)

o. Le Juijcmenl de Plnlon, allegorio de Rousseau, dans laquelle il se répand en invectives contre le parlement, qui ne l'avait pourtant condamné qu'au bannissement. Cette pièce est

�� �