Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome9.djvu/385

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Sur le chemin vingt beautés en gémirent.
Dieu sait alors où ma Zaïre alla.

De l’Amitié le prix fut laissé là ;
Et la déesse en tous lieux célébrée,
Jamais connue et toujours désirée,
Gela de froid sur ses sacrés autels :
J’en suis fàclié pour les pauvres mortels.


ENVOI.


Mon cœur, ami charmant et sage,
Au vôtre n’était point lié
Lorsque j’ai dit qu’à l’Amitié
Nul mortel ne rendait hommage.
Elle a maintenant à sa cour
Deux cœurs dignes du premier âge :
Hélas ! le véritable amour
En a-t-il beaucoup davantage ^ ?


1. « J’ai le Temple d’Amitié tout entier, et c’est une plaisante idée d’en avoir chassé tout le monde pour y demeurer avec son amie (Mme de Fontaine-Martel, en l’honneur de qui ce morceau avait été composé) à geler de froid. Ce n’est pas ainsi que La Fontaine bâtissait ses temples, quand il disait sur le Temple de l’Hymen ou de l’Amitié conjugale:

Ali! si.... mais autre part j’ai porté mes présents!

(Lettre de Mathieu Marais au président Bouhier; à Paris, ce 4 janvier 1733. — Correspondance du président Bouhier, t. VII, p. 5G1, manuscrits de la Bibliothèque nationale.)