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^ DE I.A MODKHATIOX EN TOUT. 403

Qui franchissez les monts, qui traversez les eaux, Ramenez des climats soumis aux trois couronnes Vos perches, vos secteurs, et surtout deux Lapones, Vous avez confirmé dans ces lieux pleins d'ennui Ce que Newton connut sans sortir de chez lui. Vous avez arpenté quelque faible partie Des flancs toujours glacés de la terre aplatie. Dévoilez ces ressorts qui font la pesanteur ; Vous connaissez les lois qu'établit son auteur. Parlez, enseignez-moi comment ses mains fécondes Font tourner tant de cieux, graviter tant de mondes; Pourquoi vers le soleil notre globe entraîné Se meut autour de soi sur son axe incliné; Parcourant en douze ans les célestes demeures. D'où vient que Jupiter a son jour de dix heures. Vous ne le savez point ; votre savant compas Mesure l'univers, et ne le connaît pas. Je vous vois dessiner, par un art infaillible. Les dehors d'un palais à l'homme inaccessible ; Les angles, les côtés, sont marqués par vos traits : Le dedans à vos yeux est fermé pour jamais. Pourquoi donc m'affliger si ma débile vue Ne peut percer la nuit sur mes yeux répandue ? Je n'imiterai point ce malheureux savant* Qui, des feux de l'Etna scrutateur imprudent, Marchant sur des monceaux de bitume et de cendre, Fut consumé du feu qu'il cherchait à comprendre.

Modérons-nous surtout dans notre ambition ; C'est du cœur des humains la grande passion. L'empesé magistrat, le financier sauvage, La prude aux yeux dévots, la coquette volage, Vont en poste à Versaille essuyer des mépris Qu'ils reviennent soudain rendre en poste à Paris. Les libres habitants des rives du Permesse Ont saisi quelquefois cette amorce traîtresse : Pluton va raisonner à la cour de Denis ; Racine, janséniste, est auprès de Louis ; L'auteur voluptueux qui célébra Glycère Prodigue au fils d'Octave un encens mercenaire. Moi-même, renonçant à mes premiers desseins,

1. Empédocle.

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