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AVERTISSEMENT


POUR LE POËME SUR LA LOI NATURELLE


ET LE POËME


SUR LE DÉSASTRE DE LISBONNE[1].

L’objet du poëme sur la Loi naturelle[2] est d’établir l’existence d’une morale universelle et indépendante, non seulement de toute religion révélée, mais de tout système particulier sur la nature de l’Être suprême.

La tolérance des religions et l’absurdité de l’opinion qu’il peut exister une puissance spirituelle indépendante de la puissance civile sont des conséquences nécessaires de ce premier principe, conséquences que M. de Voltaire développe dans les deux dernières parties. En effet, s’il existe une morale indépendante de toute opinion spéculative, ces opinions deviennent indifférentes au bonheur des hommes, et dès lors cessent de pouvoir être l’objet de la législation. Ce n’est pas pour être instruits sur la métaphysique, mais pour s’assurer le libre exercice de leurs droits, que les hommes se sont réunis en société ; et le droit de penser ce qu’on veut, et de faire tout ce qui n’est pas contraire au droit d’autrui, est aussi réel, aussi sacré que le droit de propriété.

  1. Les deux poëmes, l’un sur la Loi naturelle (voyez page 441), l’autre sur le Désastre de Lisbonne (voyez page 471), furent imprimés, pour la première fois, en 1756 ; mais ils n’avaient pas été composés la même année ; voyez la note suivante et celle de la page 434. (B.)
  2. Voltaire lui-même, dans la note de l’Exorde (voyez page 441), dit que la Loi naturelle est de 1751. Il lui donne la même date dans sa note de l’Ode sur la mort de la princesse de Bareith. Dans sa lettre à d’Argental, du 22 mars 1756, il dit que ce poëme fut crayonné pour le roi de Prusse précisément avant la brouillerie, qui est du commencement de 1753 et même de la fin de 1752. D’après Colini (Mon séjour auprès de Voltaire, page 31), c’est en 1752 que ce poëme fut composé. J’ai donc adopté cette date. Voltaire l’appelle tantôt son Petit Carême (voyez lettre à Thieriot, du 12 mars 1756), tantôt son Testament en vers (voyez lettre à Thieriot, du 12 avril 1756). Quant au titre de La Religion naturelle, que l’on reprocha à Voltaire qui fut réduit à le renier, Voltaire l’emploie lui-même dans sa lettre à Thieriot, du 12 mars 1756. Thomas publia des Réflexions philosophiques et littéraires sur le poëme de la Religion naturelle, 1756, petit in-8o, réimprimées en 1801, in-8o. Je ne sais quel est l’auteur de l’Anti-Naturaliste, ou Examen critique du poëme de la Religion naturelle, Berlin, 1756, petit in-8o de 21 pages. C’est une critique des pensées et non du style. J’ignore aussi le nom de l’auteur d’une Parodie anecdotique du poëme de la Religion naturelle de M. de Voltaire, par M. P. A. A. A. P., La Haye, Regissart, 1757, petit in-8o de xii et 52 pages. Cette parodie a cinq chants. Les Remarques sur la Religion naturelle, poëme de M. de V..., suivies d’une addition sur l’édition de Genève du même poëme, Louvain, 1757, petit in-8o de 72 pages, ne me sont connues que par la mention que j’en trouve dans les Annales typographiques (pour 1757), Paris, 1759, in-4o, page 33. Le Catalogue de la Bibliothèque du duc de La Vallière (n° 14,335 de la deuxième partie) contient une Épître d’un homme désintéressé à M. de Voltaire, sur son poëme de la Religion naturelle ; examen du Voltéranisme en prose et en vers, 1757, in-8o. Cette Épître est probablement celle dont Luchet cite un fragment dans le t. III de son Histoire littéraire de Voltaire. C’est Sauvigny qui est auteur de la Religion révélée, poëme en réponse à celui de la Religion naturelle, etc., 1758, petit in-8o de 64 pages. Les Lettres flamandes, ou Histoire des variations et contradictions de la prétendue Religion naturelle (par l’abbé Duhamet), Lille (Auxerre), 1752, in-18, sont, comme on voit, antérieures au poëme de Voltaire. Ce n’est donc pas contre cet ouvrage, mais contre quelques autres écrits du même auteur, soit en vers, soit en prose, que les Lettres flamandes sont dirigées. (B.)