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[iOi] CHANT III. 539

Il aperçoit une foule éperdue, Une beauté sur le sable étendue, Covelle en pleurs, et des verres cassés, «Que fait-on là? dit-il à la cohue.

— On meurt, milord. » Et les gens empressés Portaient déjà les quatre ais d'une bière.

Et deux manants fouillaient le cimetière.

Bonnet disait : (( Notre art n'est que trop vain ;

On a tenté des baisers et du vin,

Rien n'a passé ; cette pauvre bourgeoise

A fait son temps ; qu'on l'enterre, et buvons, »

Milord reprit : « Est-elle Genevoise ?

— Oui, dit Covelle. — Eh bien nous le verrons. » 11 saute en bas, il écarte la troupe,

Qui fait un cercle en lui pressant la croupe, Marche à la belle, et lui met dans la main Ln gros bourson de cent livres sterling. La belle serre, et soudain ressuscite. On bat des mains : Bonnet n'a jamais su Ce beau secret ; la gaupe décrépite Dit qu'en enfer il était inconnu. Rousseau convient que, malgré ses prestiges. Il n'a jamais fait de pareils prodiges.

Milord sourit : Covelle transporté Croit que c'est lui qu'on a ressuscité. Puis en dansant ils s'en vont à la ville, Pour s'amuser de la guerre civile,

patriotisme, et une haine constante pour la corruption, la tyrannie, et les restes de superstition que l'Angleterre conserve encore. Il a fait un discours très-raisonnable et très-plaisant contre des lois ridicules sur l'observation du dimanche, imitées des lois juives sur le sabbat, qui s'observent à Londres avec rigueur, et pour lesquelles le conseil de la Cité et même les chambres du parlement font semblant d'avoir beaucoup de zèle, afin de faire leur cour h la populace, qui, en Angleterre comme ailleurs, s'amuse beaucoup des persécutions exercées au nom de Dieu. Milord Abington consultait un jour pour un mal d'yeux Tronchin, qui lui recommanda de ne pas trop lire. « Je ne lis jamais, dit milord : il y a quelques années que j'essayai de parcourir un livre qui s'appelait, je crois, la Genèse; mais, après avoir lu quelques pages, je le laissai là, » Il paraissait à Genève tel qu'on le peint ici. (K,)

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