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86 LE CIEL DES ANCIENS.


se rendre maîtres du ciel, & du château de l’Olympe.

Neve foret terris securior arduus æther,
Affectasse ferunt regnum coeleste gigantes,
Altaque congestos struxisse ad sidera montes.

Cette physique d’enfans & de vieilles, était prodigieusement ancienne ; cependant il est très-sûr que les Chaldéens avaient des idées aussi saines que nous de ce qu’on appelle le ciel ; ils plaçaient le soleil au centre de notre monde planétaire, à peu près à la distance de notre globe que nous avons reconnue ; ils faisaient tourner la terre, & toutes les planètes autour de cet astre ; c’est ce que nous apprend Aristarque de Samos : c’est le véritable systême du monde que Copernic a renouvelé depuis ; mais les philosophes gardaient le secret pour eux, afin d’être plus respectés des rois & du peuple, ou plutôt pour n’être pas persécutés.

Le langage de l’erreur est si familier aux hommes, que nous appelons encor nos vapeurs, & l’espace de la terre à la lune, du nom de ciel ; nous disons, monter au ciel, comme nous disons que le soleil tourne, quoiqu’on sache bien qu’il ne tourne pas ; nous sommes probablement le ciel pour les habitans de la lune, & chaque planète place son ciel dans la planète voisine.

Si on avait demandé à Homère dans quel ciel était allée l’ame de Sarpedon, & où était celle