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LE CIEL DES ANCIENS. 87


d’Hercule, Homère eût été bien embarrassé, il eût répondu par des vers harmonieux.

Quelle sûreté avait-on que l’ame aërienne d’Hercule se fût trouvée plus à son aise dans Vénus, dans Saturne, que sur notre globe ? Aurait-elle été dans le soleil ? la place ne paraît pas tenable dans cette fournaise. Enfin, qu’entendaient les anciens par le ciel ? ils n’en savaient rien, ils criaient toujours le ciel & la terre ; c’est comme si on criait l’infini & un atome. Il n’y a point, à proprement parler, de ciel, il y a une quantité prodigieuse de globes qui roulent dans l’espace vuide, & notre globe roule comme les autres.

Les anciens croyaient qu’aller dans les cieux c’était monter ; mais on ne monte point d’un globe à un autre ; les globes célestes sont tantôt au-dessus de notre horizon, tantôt au-dessous. Ainsi, supposons que Vénus étant venue à Paphos, retournât dans sa planète quand cette planète était couchée, la déesse Vénus ne montait point alors par rapport à notre horizon ; elle descendait, & on devait dire en ce cas descendre au ciel. Mais les anciens n’y entendaient pas tant de finesse ; ils avaient des notions vagues, incertaines, contradictoires sur tout ce qui tenait à la physique. On a fait des volumes immenses pour savoir ce qu’ils pensaient sur bien des questions de cette sorte. Quatre mots auraient suffi, ils ne pensaient pas.

Il faut toujours en excepter un petit nombre de sages, mais ils sont venus tard ; peu ont expliqué


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