Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/140

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vous êtes roi & pontife ; vous promettez à Dieu de faire tout le bien qui sera en votre pouvoir ; y a-t-il là quelque chose qui répugne ?

KOU

Je suis bien loin d’y trouver à redire ; je sais que Dieu n’a nul besoin de nos sacrifices, ni de nos prières, mais nous avons besoin de lui en faire ; son culte n’est pas établi pour lui, mais pour nous. J’aime fort à faire des prières, je veux surtout qu’elles ne soient point ridicules ; car quand j’aurai bien crié que la montagne du Chang-ti est une montagne grasse, & qu’il ne faut point regarder les montagnes grasses, quand j’aurai fait enfuir le soleil, & sécher la lune : ce galimatias sera-t-il agréable à l’Être suprême, utile à mes sujets & à moi-même ?

Je ne peux surtout souffrir la démence des sectes qui nous environnent : d’un côté je vois Laotzé que sa mère conçut par l’union du ciel & de la terre, & dont elle fut grosse quatre-vingts ans. Je n’ai pas plus de foi à sa doctrine de l’anéantissement & du dépouillement universel, qu’aux cheveux blancs avec lesquels il naquit, & à la vache noire sur laquelle il monta pour aller prêcher sa doctrine.

Le dieu Fo ne m’en impose pas davantage, quoiqu’il ait eu pour père un éléphant blanc, & qu’il promette une vie immortelle.

Ce qui me déplaît surtout, c’est que de telles rêveries sont continuellement prêchées par