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Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/149

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ne sont que pour nous-mêmes, comme la prudence pour conduire nos ames, la tempérance pour gouverner nos corps ; ce sont des préceptes de politique & de santé. Les véritables vertus sont celles qui sont utiles à la société, comme la fidélité, la magnanimité, la bienfaisance, la tolérance &c. Grâce au ciel, il n’y a point de vieille qui n’enseigne parmi nous toutes ces vertus à ses petits-enfans ; c’est le rudiment de notre jeunesse au village comme à la ville ; mais il y a une grande vertu qui commence à être de peu d’usage, & j’en suis fâché.

KOU

Quelle est-elle ? nommez-la vite, je tâcherai de la ranimer.

CU-SU

C’est l’hospitalité, cette vertu si sociale, ce lien sacré des hommes commence à se relâcher depuis que nous avons des cabarets. Cette pernicieuse institution nous est venue, à ce qu’on dit, de certains sauvages d’Occident. Ces misérables apparemment n’ont point de maison pour accueillir les voyageurs. Quel plaisir de recevoir dans la grande ville de Lou, dans la belle place Honchan, dans ma maison Ki, un généreux étranger qui arrive de Samarcande, pour qui je deviens dès ce moment un homme sacré, & qui est obligé par toutes les loix divines & humaines de me recevoir chez lui q