Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/206

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cette force & de cette harmonie. « Ah ! c’est donc là, s’écria-t-il, ce que votre Boileau appelle du clinquant ? c’est donc ainsi qu’il veut rabaisser un grand homme qui vivait cent ans avant lui, pour mieux élever un autre grand homme qui vivait seize cents ans auparavant ; & qui eût lui-même rendu justice au Tasse ? -- Consolez-vous, lui dis-je, prenons les opéras de Quinaut. »

Nous trouvames à l’ouverture du livre, de quoi nous mettre en colère contre la critique ; l’admirable poëme d’Armide se présenta, nous trouvames ces mots :

SIDONIE

La haine est affreuse & barbare,
L’amour contraint les cœurs dont il s’empare,
À souffrir des maux rigoureux.
Si votre sort est en votre puissance,
Faites choix de l’indifférence,
Elle assure un sort plus heureux.

ARMIDE

Non, non, il ne m’est pas possible
De passer de mon trouble en un état paisible,
Mon cœur ne se peut plus calmer ;
Renaud m’offense trop, il n’est que trop aimable,
C’est pour moi désormais un choix indispensable
De le haïr ou de l’aimer.

Nous lûmes toute la pièce d’Armide, dans laquelle le génie du Tasse reçoit encor de nouveaux