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Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/207

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charmes par les mains de Quinaut ; Eh bien, dis-je à mon ami, c’est pourtant ce Quinaut que Boileau s’efforça toujours de faire regarder comme l’écrivain le plus méprisable ; il persuada même à Louis XIV, que cet écrivain gracieux, touchant, pathétique, élégant, n’avait d’autre mérite que celui qu’il empruntait du musicien Lully. Je conçois cela très-aisément, me répondit mon ami ; Boileau n’était pas jaloux du musicien, il l’était du poëte. Quel fond devons-nous faire sur le jugement d’un homme, qui pour rimer à un vers qui finissait en aut, dénigrait tantôt Boursaut, tantôt Hainaut, tantôt Quinaut, selon qu’il était bien ou mal avec ces messieurs-là ?

« Mais pour ne pas laisser refroidir votre zèle contre l’injustice, mettez seulement la tête à la fenêtre, regardez cette belle façade du Louvre, par laquelle Perraut s’est immortalisé : cet habile homme était frère d’un académicien très-savant, avec qui Boileau avait eu quelque dispute ; en voilà assez pour être traité d’architecte ignorant. »

Mon ami après avoir un peu rêvé reprit en soupirant : « La nature humaine est ainsi faite. Le duc de Sully dans ses Mémoires, trouve le cardinal d’Ossat, & le secrétaire de Villeroi, de mauvais ministres ; Louvois faisait ce qu’il pouvait pour ne pas estimer le grand Colbert ; Ils n’imprimaient rien l’un contre l’autre de leur vivant, répondis-je, c’est une sottise qui n’est guère attachée qu’à la littérature, à la chicane, et