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226 D'EZECHIEL, &c.


en Hébreu, et le seraient en nôtre langue.

On ne se couvre point d’un voile quand on n’a pas honte de sa nudité ; comment dans ces temps-là aurait-on rougi de nommer les génitoires, puisqu’on touchait les génitoires de ceux à qui l’on faisait quelque promesse ; c’était une marque de respect, un symbole de fidélité, comme autrefois parmi nous les seigneurs châtelains mettaient leurs mains entre celles de leurs Seigneurs Paramonts.

Nous avons traduit les génitoires par cuisse. Eliezer met la main sous la cuisse d’Abraham : Joseph met la main sous la cuisse de Jacob. Cette coutume était fort ancienne en Égypte. Les Égyptiens étaient si éloignés d’attacher de la turpitude à ce que nous n’osons ni découvrir, ni nommer, qu’ils portaient en procession une grande figure du membre viril nommé phallum, pour remercier les dieux de faire servir ce membre à la propagation du genre humain.

Tout cela prouve assez que nos bienséances ne sont pas les bienséances des autres peuples. Dans quel temps y a-t-il eu chez les Romains plus de politesse que du temps du siècle d’Auguste ? Cependant, Horace ne fait nulle difficulté de dire dans une pièce morale,

Nec metuo, nedum futuo, vir rure recurrat.

Auguste se sert de la même expression dans une épigramme contre Fulvie.