Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/250

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fables

Les plus anciennes fables ne sont-elles pas visiblement allégoriques ? La première que nous connaissions dans notre manière de supputer les temps, n’est-ce pas celle qui est rapportée dans le neuvième chapitre du livre des Juges ; Il fallut choisir un roi parmi les arbres ; l’olivier ne voulut point abandonner le soin de son huile, ni le figuier celui de ses figues, ni la vigne celui de son vin, ni les autres arbres celui de leur fruit ; le chardon qui n’était bon à rien, se fit roi, parce qu’il avait des épines & qu’il pouvait faire du mal.

L’ancienne fable de Vénus, telle qu’elle est rapportée dans Hésiode, n’est-elle pas une allégorie de la nature entière ? Les parties de la génération sont tombées de l’éther sur le rivage de la mer ; Vénus naît de cette écume précieuse ; son premier nom est celui d’amante de la génération : y a-t-il une image plus sensible ? Cette Vénus est la déesse de la beauté ; la beauté cesse d’être aimable, si elle marche sans les graces ; la beauté fait naître l’amour ; l’amour a des traits