Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/63

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Il n’y eut point d’autre source du malheur de Vanini ; sa chaleur & sa grossiéreté dans la dispute lui valut la haine de quelques théologiens ; & ayant eu une querelle avec un nommé Francon ou Franconi, ce Francon ami de ses ennemis, ne manqua pas de l’accuser d’être Athée enseignant l’Athéïsme.

Ce Francon, ou Franconi, aidé de quelques témoins, eut la barbarie de soutenir à la confrontation, ce qu’il avait avancé. Vanini, sur la sellette, interrogé sur ce qu’il pensait de l’existence de Dieu, répondit qu’il adorait avec l’Eglise un Dieu en trois personnes. Ayant pris à terre une paille, Il suffit de ce fêtu, dit-il, pour prouver qu’il y a un créateur. Alors il prononça un très-beau discours sur la végétation & le mouvement, & sur nécessité d’un être suprême, sans lequel il n’y aurait ni mouvement ni végétation.

Le Président Grammont qui était alors à Toulouse, rapporte ce discours dans son histoire de France, aujourd’hui si oubliée, & ce même Grammont, par un préjugé inconcevable, prétend que Vanini disait tout cela par vanité, ou par crainte, plutôt que par une persuasion intérieure.

Sur quoi peut être fondé ce jugement téméraire & atroce du Président Grammont ? Il est évident que sur la réponse de Vanini, on devait l’absoudre de l’accusation d’Athéïsme. Mais qu’arriva-t-il ? Ce malheureux prêtre êtranger se mêlait aussi de médecine ; on trouva un gros