Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans sa Vie de l’ermite Paul, cet ermite eut plusieurs conversations avec des satyres, & avec des faunes, qu’un corbeau lui apporta tous les jours pendant trente ans la moitié d’un pain pour son dîner, & un pain tout entier le jour que Saint Antoine vint le voir ; ils pourront répondre encor, que tout cela n’est pas absolument contre la physique ; que des satyres & des faunes peuvent avoir existé, & qu’en tout cas si ce conte est une puérilité, cela n’a rien de commun avec les vrais miracles du Sauveur & de ses apôtres. Plusieurs bons chrétiens ont combattu l’histoire de Saint Simeon Stilite, écrite par Théodoret ; beaucoup de miracles qui passent pour authentiques dans l’Église grecque, ont été révoqués en doute par plusieurs Latins ; de même que des miracles latins ont été suspects à l’Église grecque ; les protestants sont venus ensuite, qui ont fort maltraité les miracles de l’une & l’autre Église.

Un savant jésuite* [1] qui a prêché longtemps dans les Indes, se plaint de ce que ni ses confrères, ni lui, n’ont jamais pu faire de miracle. Xavier se lamente dans plusieurs de ses lettres de n’avoir point le don des langues ; il dit qu’il n’est chez les Japonois que comme une statue muette ; cependant les jésuites ont écrit qu’il avait ressuscité huit morts, c’est beaucoup ; mais il faut aussi considérer qu’il les ressuscitait à six mille lieues d’ici. Il s’est trouvé depuis des gens qui ont prétendu que l’

  1. Ospiniam, page 230.