Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/188

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contraire au dogme de l’unité de Dieu, on la laisse subsister. Et pourquoi l’abolirait-on ? Les Romains reconnaissent le Deus optimus maximus ; les Grecs ont leur Zeus, leur dieu suprême. Toutes les autres divinités ne sont que des êtres intermédiaires ; on place des héros & des empereurs au rang des dieux, c’est-à-dire des bienheureux. Mais il est sûr que Claude, Octave, Tibère & Caligula ne sont pas regardés comme les créateurs du ciel & de la terre.

En un mot il paraît prouvé que du temps d’Auguste, tous ceux qui avaient une religion, reconnaissaient un dieu supérieur, éternel, & plusieurs ordres de dieux secondaires, dont le culte fut appelé depuis idolâtrie.

Les loix des Juifs n’avaient jamais favorisé l’idolâtrie ; car quoiqu’ils admissent des malachim, des anges, des êtres célestes d’un ordre inférieur, leur loi n’ordonnait point que ces divinités secondaires eussent un culte chez eux. Ils adoraient les anges, il est vrai, c’est-à-dire, ils se prosternaient quand ils en voyaient ; mais comme cela n’arrivait pas souvent, il n’y avait ni de cérémonial, ni de culte légal établi pour eux. Les chérubins de l’arche ne recevaient point d’hommages. Il est constant que les Juifs, du moins depuis Alexandre, adoraient ouvertement un seul dieu, comme la foule innombrable d’initiés l’adoraient secrètement dans leurs mystères.