Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

est empalé, & tout le monde est tranquille.

transsubstantiation

Les protestants, & surtout les philosophes protestants, regardent la transsubstantiation comme le dernier terme de l’impudence des moines, & de l’imbécillité des laïques. Ils ne gardent aucune mesure sur cette croyance qu’ils appellent monstrueuse ; ils ne pensent pas même qu’il y ait un seul homme de bon sens, qui, après y avoir réfléchi, ait pu l’embrasser sérieusement. Elle est, disent-ils, si absurde, si contraire à toutes les loix de la physique, si contradictoire, que Dieu même ne pourrait pas faire cette opération ; parce que c’est en effet anéantir Dieu que de supposer qu’il fait les contradictoires. Non seulement un dieu dans un pain ; mais un dieu à la place du pain ; cent mille miettes de pain, devenues en un instant autant de dieux ; cette foule innombrable de dieux, ne faisant qu’un seul dieu ; de la blancheur, sans un corps blanc, de la rondeur, sans un corps rond ; du vin, changé en sang, & qui a le goût du vin ; du pain, qui est changé en chair & en fibres, & qui a le goût du pain ; tout cela inspire tant d’horreur & de mépris aux ennemis de la religion catholique, apostolique & romaine, que