Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/35

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assez habile pour donner une ame à une statue pour la faire parler.

En un mot, les images des dieux n’étaient point des dieux, Jupiter, & non pas son image, lançait le tonnerre ; ce n’était pas la statue de Neptune qui soulevait les mers, ni celle d’Apollon qui donnait la lumière. Les Grecs & les Romains étaient des gentils, des polythéistes, & n’étaient point des idolâtres.

Si les Perses, les Sabéens, les Égyptiens, les Tartares, les Turcs ont été idolâtres ? Et de quelle antiquité est l’origine des simulacres appelés idoles. Histoire de leur culte.

C’est une grande erreur d’appeler idolâtres les peuples qui rendirent un culte au soleil & aux étoiles. Ces nations n’eurent longtemps ni simulacres ni temples. Si elles se trompèrent, c’est en rendant aux astres ce qu’elles devaient au créateur des astres : Encore le dogme de Zoroastre ou Zerdust, recueilli dans le Sadder, enseigne-t-il un Être suprême, vengeur & rémunérateur ; & cela est bien loin de l’idolâtrie. Le gouvernement de la Chine n’a jamais eu aucune idole ; il a toujours conservé le culte simple du maître du ciel Kingtien. Gengis-Kan chez les Tartares n’était point idolâtre, & n’avait aucun simulacre. Les musulmans qui remplissent la Grèce, l’Asie mineure, la Syrie, la Perse, l’Inde & l’Afrique, appellent les chrétiens idolâtres, giaours, parce qu’ils croient que les chrétiens