Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/36

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rendent un culte aux images. Ils brisèrent plusieurs statues qu’ils trouvèrent à Constantinople dans Sainte-Sophie, & dans l’église des Saints-Apôtres, & dans d’autres qu’ils convertirent en mosquées. L’apparence les trompa comme elle trompe toujours les hommes, & leur fit croire que des temples dédiés à des saints qui avaient été hommes autrefois, des images de ces saints révérées à genoux, des miracles opérés dans ces temples, étaient des preuves invincibles de l’idolâtrie la plus complète. Cependant il n’en est rien. Les chrétiens n’adorent en effet qu’un seul Dieu, & ne révèrent dans les bienheureux que la vertu même de Dieu qui agit dans ses saints. Les iconoclastes & les protestants ont fait le même reproche d’idolâtrie à l’Église, & on leur a fait la même réponse.

Comme les hommes ont eu très-rarement des idées précises, & ont encor moins exprimé leurs idées par des mots précis, & sans équivoque, nous appelames du nom d’idolâtres les gentils, & surtout les polythéistes. On a écrit des volumes immenses, on a débité des sentiments divers sur l’origine de ce culte rendu à Dieu, ou à plusieurs dieux sous des figures sensibles : cette multitude de livres & d’opinions ne prouve que l’ignorance.

On ne sait pas qui inventa les habits & les chaussures, & on veut savoir qui le premier inventa les idoles ? Qu’importe un passage de Sanchoniaton qui vivait avant la guerre de Troye ? que