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me le rampart de l’Italie contre le progrès des armes des Lombards ; ils épuiſoient leurs richeſſes, expoſoient leur vie pour conſerver la capitale & les provinces ſous l’obéiſſance du Souverain. Mais enfin abandonné par les Empereurs & trop foible pour réſiſter plus long-tems à la fureur d’une Nation barbare le Pape Etienne III. de concert avec les Romains implora la protection de Pepin Roi de France[1]. Ce Prince paſſe en Italie, enleve aux uſurpateurs les Provinces & les Villes qu’ils avoient envahies. Maître de ces Etats par le droit des conquêtes il les cede à l’Egliſe Romaine par une donation ſolemnelle. Charlemagne qui mit fin au Royaume des Lombards confirma cette ceſſion & étendit le domaine des Souverains Pontifes[2].

Les Romains virent ſans jalouſie la puiſſance temporelle des Papes : ils s’y ſoumirent avec joye. Dans ſa formation ou dans ſes progrès l’on n’apperçoit aucun veſtige d’injuſtice ni de tirannie. Il n’eſt point de ſouveraineté qui ſe ſoit formée & augmentée par une voye plus douce, plus flatteuſe, plus honorable.

La ſouveraineté de quelques Evêques en Allemagne fut également l’effet de la conceſſion de l’Empereur Charlemagne. Ce fut de la part de ce Prince

  1. Anaſt Bibl. Concil. Gall. tom. 2.
  2. Conc. VII. œcum. tom. 8. Cons. lab.