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Judée.

est Jérico. Enfin ils parlent tous comme parlait St. Jérôme qui demeura si longtems dans Bethléem, & qui peint cette contrée comme le rebut de la nature. Il dit qu’en été il n’y a pas seulement d’eau à boire. Ce pays cependant devait paraître aux Juifs un lieu de délices en comparaison des déserts dont ils étaient originaires. Des misérables qui auraient quitté les Landes pour habiter quelques montagnes du Lampourdan vanteraient leur nouveau séjour, & s’ils espéraient pénétrer jusque dans les belles parties du Languedoc, ce serait là pour eux la terre promise.

Voilà précisément l’histoire des Juifs. Jérico, Jérusalem sont Toulouse & Montpellier, & le désert de Sinaï est le pays entre Bordeaux & Bayonne.

Mais si le Dieu qui conduisait les Juifs, voulait leur donner une bonne terre, si ces malheureux avaient en effet habité l’Égypte, que ne les laissait-il en Égypte ? à cela on ne répond que par des phrases théologiques.

La Judée, dit-on, était la terre promise. Dieu dit à Abraham ; Je vous donnerai tout ce pays depuis le fleuve d’Égypte jusqu’à l’Euphrate. (Genèse chap. 15.)

Hélas mes amis ! vous n’avez jamais eu ces rivages fertiles de l’Euphrate & du Nil. On s’est moqué de vous. Les maîtres du Nil & de l’Euphrate ont été tour à tour vos maîtres. Vous avez été presque toûjours esclaves. Promettre & tenir sont deux, mes pauvres Juifs. Vous avez un vieux rabbin qui en lisant vos