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Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 2.djvu/133

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Religion. II. Quest.

chats, ni même les astres, n’ont arrangé l’ordre de la nature. Tous ces philosophes, Babiloniens, Persans, Égyptiens, Scythes, Grecs & Romains admettent un Dieu suprême, rémunérateur & vengeur.

Ils ne le disent pas d’abord aux peuples ; car quiconque eût mal parlé des oignons & des chats devant des vieilles & des prêtres, eût été lapidé. Quiconque eût reproché à certains Égyptiens de manger leurs dieux, eût été mangé lui-même, comme en effet Juvenal rapporte qu’un Égyptien fut tué & mangé tout cru dans une dispute de controverse.

Mais que fit-on ? Orphée & d’autres établissent des mystères que les initiés jurent par des serments exécrables de ne point révéler, & le principal de ces mystères, est l’adoration d’un seul Dieu. Cette grande vérité pénètre dans la moitié de la terre ; le nombre des initiés devient immense ; il est vrai que l’ancienne Religion subsiste toûjours ; mais comme elle n’est point contraire au dogme de l’unité de Dieu, on la laisse subsister. Et pourquoi l’abolirait-on ? Les Romains reconnaissent le Deus optimus maximus ; les Grecs ont leur Zeus, leur Dieu suprême. Toutes les autres divinités ne sont que des êtres intermédiaires ; on place des héros & des Empereurs au rang des Dieux, c’est-à-dire des bienheureux. Mais il est sûr que Claude, Octave, Tibère & Caligula ne sont pas regardés comme les créateurs du ciel & de la terre.

En un mot il paraît prouvé que du tems