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Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 2.djvu/134

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Religion. II. Quest.

d’Auguste, tous ceux qui avaient une religion, reconnaissaient un Dieu supérieur, éternel, & plusieurs ordres de Dieux secondaires, dont le culte fut appelé depuis Idolâtrie.

Les loix des Juifs n’avaient jamais favorisé l’idolâtrie ; car quoiqu’ils admissent des malachim, des anges, des êtres célestes d’un ordre inférieur, leur loi n’ordonnait point que ces divinités secondaires eussent un culte chez eux. Ils adoraient les anges, il est vrai, c’est-à-dire, ils se prosternaient quand ils en voyaient ; mais comme cela n’arrivait pas souvent, il n’y avait ni de cérémonial, ni de culte légal établi pour eux. Les chérubins de l’arche ne recevaient point d’hommages. Il est constant que les Juifs, du moins depuis Alexandre, adoraient ouvertement un seul Dieu, comme la foule innombrable d’initiés l’adoraient secrettement dans leurs mystères.


Troisième question.


Ce fut dans ce tems où le culte d’un Dieu suprême était universellement établi chez tous les sages en Asie, en Europe, & en Afrique, que la Religion Chrétienne prit naissance.

Le Platonisme aida beaucoup à l’intelligence de ses dogmes. Le Logos qui chez Platon signifiait la sagesse, la raison de l’Être suprême, devint chez nous le Verbe, & une seconde personne de Dieu. Une métaphysique profonde & au-dessus de l’intelligence humaine, fut un sanctuaire inaccessible, dans lequel la religion fut enveloppée.