Aller au contenu

Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 2.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
Salomon.

ces contradictions exercent le génie des commentateurs.

On servait par jour pour le dîner & le souper de sa maison cinquante bœufs & cent moutons, & de la volaille & du gibier à proportion ; ce qui peut aller par jour à soixante mille livres pesant de viande. Cela fait une bonne maison. On ajoute qu’il avait quarante mille écuries & autant de remises pour ses chariots de guerre, mais seulement douze mille écuries pour sa cavalerie. Voilà bien des chariots pour un pays de montagnes, & c’était un grand appareil pour un Roi dont le prédécesseur n’avait eu qu’une mule à son couronnement, & pour un terrain qui ne nourrit que des ânes.

On n’a pas voulu qu’un Prince qui avait tant de chariots se bornât à un petit nombre de femmes ; on lui en donne sept cents, qui portaient le nom de Reines ; & ce qui est étrange, c’est qu’il n’avait que trois cents concubines, contre la coutume des Rois, qui ont d’ordinaire plus de maîtresses que de femmes. Il entretenait quatre cent douze mille chevaux, sans doute pour aller se promener avec elles le long du lac de Genézareth, ou vers celui de Sodome, ou vers le torrent de Cédron, qui serait un des endroits les plus délicieux de la terre, si ce torrent n’était pas à sec neuf mois de l’année, & si le terrain n’était pas un peu pierreux.

Quant au temple qu’il fit bâtir, & que les Juifs ont cru le plus bel ouvrage de l’U-