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Page:Voltaire - Traité sur la tolérance 1763.djvu/122

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Traité ſur la Tolérance. Chap. XIII.

autre vie. Ces vérités ne lui furent annoncées ni dans le Décalogue, ni dans aucune Loi du Lévitique & du Deutéronome. C’étaient les dogmes des Perſes, des Babyloniens, des Égyptiens, des Grecs, des Crétois ; mais ils ne conſtituaient nullement la Religion des Juifs. Moïſe ne dit point : Honore ton père & ta mère, ſi tu veux aller au Ciel ; mais, Honore ton père & ta mère, afin de vivre long-temps ſur la terre : il ne les menace que de maux corporels, Deutér. Chap. 28. de la galle ſèche, de la galle purulente, d’ulcères malins dans les genoux & dans le gras des jambes, d’être expoſés aux infidélités de leurs femmes, d’emprunter à uſure des étrangers, & de ne pouvoir prêter à uſure ; de périr de famine, & d’être obligés de manger leurs enfants : mais en aucun lieu il ne leur dit que leurs âmes immortelles ſubiront des tourments après la mort, ou goûteront des félicités. Dieu, qui conduiſait lui-même ſon Peuple, le puniſſait ou le récompenſait immédiatement après ſes bonnes ou ſes mauvaiſes actions. Tout était temporel ; & c’eſt la preuve que le ſavant Évêque Warburton apporte pour démontrer que la Loi des Juifs était divine :[1] parce

  1. Il n’y a qu’un ſeul paſſage dans les Loix de Moïſe, d’où l’on pût conclurre qu’il était inſtruit de l’opinion régnante chez les Égyptiens, que l’âme ne meurt point