gérer. Ils niaient l’exiſtence des Anges. Ils différaient beaucoup plus des autres Juifs, que les proteſtants ne diffèrent des Catholiques ; ils n’en demeurèrent pas
On rapporte encore le Chapitre dernier d’Iſaïe : Et de mois en mois, & de Sabath en Sabath, toute chair viendra m’adorer, dit le Seigneur ; & ils ſortiront, & ils verront à la voirie les cadavres de ceux qui ont prévariqué ; leur ver ne mourra point, leur feu ne s’éteindra point, & ils ſeront expoſés aux yeux de toute chair juſqu’à ſatiété.
Certainement s’ils ſont jetés à la voirie, s’ils ſont expoſés à la vue des paſſants juſqu’à ſatiété, s’ils ſont mangés des vers, cela ne veut pas dire que Moïſe enſeigna aux Juifs le dogme de l’immortalité de l’âme ; & ces mots, Le feu ne s’éteindra point, ne ſignifient pas que des cadavres qui ſont expoſés à la vue du peuple ſubiſſent les peines éternelles de l’Enfer.
Comment peut-on citer un paſſage d’Iſaïe pour prouver que les Juifs du temps de Moïſe avaient reçu le dogme de l’immortalité de l’âme ? Iſaïe prophétiſait, ſelon la computation Hébraïque, l’an du monde 3380. Moïſe vivait vers l’an 2500 ; il s’eſt écoulé huit ſiècles entre l’un & l’autre. C’eſt une inſulte au ſens commun, ou une pure plaiſanterie, que d’abuſer ainſi de la permiſſion de citer, & de prétendre prouver qu’un auteur a eu une telle opinion, par un paſſage d’un Auteur venu huit cents ans après, & qui n’a point parlé de cette opinion. Il eſt indubitable que l’immortalité de l’âme, les peines & les récompenſes après la mort, ſont annoncées, reconnues, conſtatées dans le Nouveau Teſtament, & il eſt indubitable qu’elles ne ſe trouvent en aucun endroit du Pentateuque.
Les Juifs, en croyant depuis l’immortalité de l’âme, ne furent point éclairés ſur ſa ſpiritualité ; ils penſèrent com-