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Traité ſur la Tolérance. Chap. XIII.

veut examiner de près le Judaïſme, on ſera étonné de trouver la plus grande tolérance, au milieu des horreurs les plus barbares. C’eſt une contradiction,

    exilé pour cette diſpute, un Pompone d’Andilly, un Arnauld, un Sacy, un Nicole, & tant d’autres qui ont été la lumière de la France !

    Le Roman Théologique de la Métempſycoſe vient de l’Inde, dont nous avons reçu beaucoup plus de fables qu’on ne croit communément. Ce dogme eſt expliqué dans l’admirable douzième Livre des Métamorphoſes d’Ovide. Il a été reçu preſque dans toute la terre : il a été toujours combattu ; mais nous ne voyons point qu’aucun Prêtre de l’Antiquité ait jamais fait donner une lettre de cachet à un Diſciple de Pythagore.

    Ni les anciens Juifs, ni les Égyptiens, ni les Grecs leurs contemporains, ne croyaient que l’âme de l’homme allât dans le Ciel après ſa mort. Les Juifs penſaient que la Lune & le Soleil étaient à quelques lieues au-deſſus de nous, dans le même cercle, & que le firmament était une voûte épaiſſe & ſolide qui ſoutenait le poids des eaux, leſquelles s’échappaient par quelques ouvertures. Le Palais des Dieux, chez les anciens Grecs, était ſur le mont Olympe. La demeure des Héros, après la mort, était, du temps d’Homère, dans une Iſle au-delà de l’Océan, & c’était l’opinion des Eſſéniens.

    Depuis Homère, on aſſigna des planètes aux Dieux ; mais il n’y avait pas plus de raiſon aux hommes de placer un Dieu dans la Lune, qu’aux habitants de la Lune de mettre un Dieu dans la planète de la terre. Junon & Iris n’eurent d’autres Palais que les nuées ; il n’y avait pas là où repoſer ſon pied. Chez les Sabéens, chaque dieu eut ſon étoile ; mais une étoile étant un Soleil, il n’y a pas moyen