Page:Voltaire - Traité sur la tolérance 1763.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
123
Traité ſur la Tolérance. Chap. XIV.

il eſt vrai ; preſque tous les Peuples ſe ſont gouvernés par des contradictions. Heureuſe celle qui amène des mœurs douces, quand on a des loix de ſang !


CHAPITRE XIV.
Si l’Intolérance a été enſeignée par Jésus-Christ ?


VOyons maintenant ſi Jésus-Christ a établi des Loix ſanguinaires, s’il a ordonné l’intolérance, s’il fit bâtir les cachots de l’Inquiſition, s’il inſtitua les bourreaux des Auto-da-fé.

Il n’y a, ſi je ne me trompe, que peu de paſſages dans les Évangiles, dont l’eſprit perſécuteur ait pu inférer que l’intolérance, la contrainte ſont légitimes. L’un eſt la parabole dans laquelle le Royaume des Cieux eſt comparé à un Roi qui invite des convives aux noces de ſon fils : ce Monarque leur fait dire par ſes Serviteurs : J’ai tué mes bœufs & mes volailles, St. Math. Chap. 22. tout eſt prêt, venez aux noces. Les uns, ſans ſe ſoucier de l’invitation, vont à leurs maiſons de cam-

    d’habiter là, à moins d’être de la nature du feu. C’eſt donc une queſtion fort inutile de demander ce que les Anciens penſaient du Ciel ; la meilleure réponſe eſt qu’ils ne penſaient pas.