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Traité ſur la Tolérance. Chap. XXI.

ſion dans l’hypoſtaſe, nous vous dénonçons que vous ſerez brûlés à jamais ; & en attendant, nous allons commencer par vous égorger ? »

Si on avait préſenté une telle déciſion à un Archimède, à un Poſſidonius, à un Varron, à un Caton, à un Cicéron, qu’auraient-ils répondu ?

Conſtantin ne perſévéra point dans ſa réſolution d’impoſer ſilence aux deux partis ; il pouvait faire venir les Chefs de l’ergotiſme dans ſon Palais ; il pouvait leur demander par quelle autorité ils troublaient le monde : « Avez-vous les titres de la Famille divine ? Que vous importe que le Logos ſoit fait ou engendré, pourvu qu’on lui ſoit fidèle, pourvu qu’on prêche une bonne morale, & qu’on la pratique ſi on peut ? J’ai commis bien des fautes dans ma vie, & vous auſſi : vous êtes ambitieux, & moi auſſi : l’Empire m’a coûté des fourberies & des cruautés ; j’ai aſſaſſiné preſque tous mes proches, je m’en repens ; je veux expier mes crimes en rendant l’Empire Romain tranquille ; ne m’empêchez pas de faire le ſeul bien qui puiſſe faire oublier mes anciennes barbaries ; aidez-moi à finir mes jours en paix. » Peut-être n’aurait-il rien gagné ſur les diſputeurs : peut-être fut-il flatté de préſider à un Concile, en long habit rouge, la tête chargée de pierreries.

Voilà