Aller au contenu

Page:Voltaire - Traité sur la tolérance 1763.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
161
Traité ſur la Tolérance. Chap. XXII.

Voilà pourtant ce qui ouvrit la porte à tous ces fléaux qui vinrent de l’Aſie inonder l’Occident. Il ſortit de chaque verſet conteſté une furie armée d’un ſophiſme & d’un poignard, qui rendit tous les hommes inſenſés & cruels. Les Huns, les Hérules, les Goths & les Vandales qui ſurvinrent, firent infiniment moins de mal ; & le plus grand qu’ils firent, fut de ſe prêter enfin eux-mêmes à ces diſputes fatales.


CHAPITRE XXII.
De la Tolérance univerſelle


IL ne faut pas un grand art, une éloquence bien recherchée, pour prouver que des Chrétiens doivent ſe tolérer les uns les autres. Je vais plus loin ; je vous dis qu’il faut regarder tous les hommes comme nos frères. Quoi ! mon frère le Turc ? mon frère le Chinois ? le Juif ? le Siamois ? Oui, ſans doute ; ne ſommes-nous pas tous enfants du même Père, & créatures du même Dieu ?

Mais ces Peuples nous mépriſent ; mais ils nous traitent d’idolâtres ! Eh bien ! je leur dirai qu’ils ont grand tort. Il me ſemble que je pourrais étonner au moins l’orgueilleuſe opiniâtreté d’un Iman, ou d’un Talapoin, ſi je leur parlais à peu près ainſi.

L