Aller au contenu

Page:Voltaire - Traité sur la tolérance 1763.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
Traité ſur la Tolérance. Chap. I.

ſenſibles, le deſſein de préſenter au Public quelques réflexions ſur la tolérance, ſur l’indulgence, ſur la commiſération, que l’Abbé Houteville appelle Dogme monſtrueux, dans ſa déclamation ampoulée & erronée ſur des faits, & que la raiſon appelle l’appanage de la nature.

Ou les Juges de Toulouſe, entraînés par le fanatiſme de la populace, ont fait rouer un père de famille innocent, ce qui eſt ſans exemple ; ou ce père de famille & ſa femme ont étranglé leur fils ainé, aidés dans ce parricide par un autre fils & par un ami, ce qui n’eſt pas dans la nature. Dans l’un ou dans l’autre cas l’abus de la Religion la plus ſainte a produit un grand crime. Il eſt donc de l’intérêt du Genre-humain d’examiner ſi la Religion doit être charitable ou barbare.


CHAPITRE II.
Conſéquences du ſupplice de Jean Calas.


SI les Pénitents blancs furent la cauſe du ſupplice d’un innocent, de la ruine totale d’une famille, de ſa diſperſion, & de l’opprobre qui ne devrait être attaché qu’à l’injuſtice, mais qui l’eſt au ſupplice ; ſi cette précipitation des Pénitents blancs à célébrer

comme