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Traité ſur la Tolérance. Chap. VIII.

leil. Cicéron dit, en parlant des Enfers : Non eſt anus tam excors quæ credat : « Il n’y a pas même de vieille aſſez imbécile pour les croire. » Juvenal dit : Nec pueri credunt : « Les enfants n’en croyent rien. » On chantait ſur le Théâtre de Rome : Poſtmortem nihil eſt, ipſaque mors nihil : « Rien n’eſt après la mort, la mort même n’eſt rien. » Abhorrons ces maximes, &, tout au plus, pardonnons-les à un Peuple que les Évangiles n’éclairaient pas ; elles ſont fauſſes, elles ſont impies ; mais concluons que les Romains étaient très-tolérants, puiſqu’elles n’excitèrent jamais le moindre murmure.

Le grand principe du Sénat & du Peuple Romain était : Deorum offenſa diis curæ ; « C’eſt aux Dieux ſeuls à ſe ſoucier des offenſes faites aux Dieux. » Ce Peuple Roi ne ſongeait qu’à conquérir, à gouverner, & à policer l’Univers. Ils ont été nos Légiſlateurs comme nos vainqueurs ; & jamais Céſar, qui nous donna des fers, des loix & des jeux, ne voulut nous forcer à quitter nos Druides pour lui, tout grand Pontife qu’il était d’une Nation notre Souveraine.

Les Romains ne profeſſaient pas tous les cultes, ils ne donnaient pas à tous la ſanction publique, mais ils les permirent tous. Ils n’eurent aucun objet matériel de culte ſous Numa, point de ſimulacres, point