Un honnête homme qui n’eſt ennemi ni de la raiſon, ni de la littérature, ni de la probité, ni de la patrie, en juſtifiant depuis peu la Saint-Barthelemi, cite la guerre des Phocéens, nomme la guerre ſacrée, comme ſi cette guerre avait été allumée pour le culte, pour le dogme, pour des arguments de Théologie ; il s’agiſſait de ſavoir à qui appartiendrait un champ : c’eſt le ſujet de toutes les guerres. Des gerbes de bled ne ſont pas un ſymbole de créance ; jamais aucune Ville Grecque ne combattit pour des opinions. D’ailleurs que prétend cet homme modeſte & doux ? veut-il que nous faſſions une guerre ſacrée ?
Hez les anciens Romains, depuis Romulus juſqu’aux temps où les Chrétiens diſputèrent avec les Prêtres de l’Empire, vous ne voyez pas un ſeul homme perſécuté pour ſes ſentiments. Cicéron douta de tout ; Lucrèce nia tout ; & on ne leur en fit pas le plus léger reproche : la licence même alla ſi loin, que Pline le Naturaliſte commence ſon Livre par nier un Dieu, & par dire que s’il en eſt un, c’eſt le So-