malignement imputées aux Chrétiens innocents, excitèrent l’attention du Gouvernement, qui fut trompé, comme il eſt trop ſouvent arrivé.
St. Siméon, par exemple, fut accuſé devant Sapor d’être l’eſpion des Romains. L’Hiſtoire de ſon martyre rapporte que le Roi Sapor lui propoſa d’adorer le Soleil : mais on ſait que les Perſes ne rendaient point de culte au Soleil ; ils le regardaient
On fait enſuite écrire une longue Lettre par St. Ignace aux Chrétiens de Rome : Je vous écris, dit-il, tout enchaîné que je ſuis. Certainement, s’il lui fut permis d’écrire aux Chrétiens de Rome, ces Chrétiens n’étaient donc pas recherchés ; Trajan n’avait donc pas deſſein de ſoumettre leur Dieu à ſon Empire : ou ſi ces Chrétiens étaient ſous le fléau de la perſécution, Ignace commettait une très grande imprudence en leur écrivant ; c’était les expoſer, les livrer ; c’était ſe rendre leur délateur.
Il ſemble que ceux qui ont rédigé ces actes, devaient avoir plus d’égard aux vraiſemblances & aux convenances. Le martyre de St. Polycarpe fait naître encore plus de doutes. Il eſt dit qu’une voix cria du haut du Ciel, Courage, Polycarpe ! que les Chrétiens l’entendirent, mais que les autres n’entendirent rien : il eſt dit que quand on eut lié Polycarpe au poteau, & que le bucher fut en flammes, ces flammes s’écartèrent de lui, & formèrent un arc au-deſſus de ſa tête ; qu’il en ſortit une colombe ; que le Saint, reſpecté par le feu, exhala une odeur d’aromates qui embauma toute l’aſſemblée : mais que celui dont le feu n’oſait approcher, ne put réſiſter au tranchant du glaive. Il faut avouer qu’on doit pardonner à ceux qui trouvent dans ces Hiſtoires plus de piété que de vérité.