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Page:Voltaire - Traité sur la tolérance 1763.djvu/90

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Traité ſur la Tolérance. Chap. XI.

les impoſtures qui ont preſque toutes été funeſtes, les haines irréconciliables allumées par les différentes opinions, à voir tous les maux qu’a produit le faux zèle, les hommes ont eu long-temps leur enfer dans cette vie.


CHAPITRE XI.
Abus de l’Intolérance.


MAis quoi ! ſera-t-il permis à chaque Citoyen de ne croire que ſa raiſon, & de penſer ce que cette raiſon claire ou trompée lui dictera ? Il le faut bien,[1] pourvu qu’il ne trouble point l’ordre ; car il ne dépend pas de l’homme de croire, ou de ne pas croire ; mais il dépend de lui de reſpecter les uſages de ſa Patrie : & ſi vous diſiez que c’eſt un crime de ne pas croire à la Religion dominante, vous accuſeriez donc vous-mêmes les premiers Chrétiens vos pères, & vous juſtifieriez ceux que vous accuſez de les avoir livrés aux ſupplices.

Vous répondez que la différence eſt grande, que toutes les Religions ſont les ouvrages des hommes, & que l’Égliſe Catholique Apoſtolique & Romaine

est
  1. Voyez l’excellente Lettre de Loke ſur la Tolérance.