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4530. — À M.  THIERIOT.
Ferney, 22 avril.

Mon ancien ami, je vous croyais opulent, ou du moins arrondi. M.  Damilaville me mande qu’il y a quelque brèche à votre rotondité. Voici une idée qui m’est venue. Un magistrat de Dijon, jeune et de beaucoup d’esprit, a fait une comédie très-singulière[1] et ne voudrait pour rien au monde être connu. Son idée est de la faire jouer, et de partager les honoraires entre celui qui se chargera du délit, et un secrétaire très-affectionné, vieux serviteur de la maison.

Ils auront aussi le profit de l’édition. Voyez si vous pouvez vous charger de cette besogne. Je crois que ce n’est pas une mauvaise affaire.

L’auteur exige un profond secret : êtes-vous en état de faire lire cette comédie au tripot, sans vous commettre et sans commettre personne ? Je remplis la mission dont l’amitié me charge. Mandez-moi votre résolution.

J’ai demandé un almanach où l’on trouve les patriarches grecs. J’en ai besoin, non pas que je prenne un vif intérêt à l’Église grecque, mais en qualité de pédant.

On m’a promis un livre[2] contre l’excommunication des comédiens. L’auteur doit me l’envoyer.

Dumolard m’a demandé une trêve de la part de l’abbé Trublet ; il dit qu’il ne compilera plus. Je donne donc l’absolution à l’archidiacre, mon confrère.


4531. — À M.  LE DUC DE LA VALLIÈRE,
grand-fauconnier de france[3].

Votre procédé, monsieur le duc, est de l’ancienne chevalerie : vous vous exposez pour sauver un homme qui s’est mis en péril à votre suite ; mais la petite erreur dans laquelle vous m’avez

  1. Voyez l’Avertissement de Beuchot, en tête du Droit du Seigneur, tome VI, page 3. Le magistrat était Legouz de Gerland.
  2. Celui de Huerne de La Mothe.
  3. Cette lettre est une réponse au n° 4519. Dans les éditions de Kehl et dans beaucoup d’autres, on l’a mise dans les Mélanges littéraires ; on l’a quelquefois datée du juin 1761. Elle doit être de la fin d’avril, puisque le 8 mai (voyez lettre 4541). Voltaire avait déjà nouvelle de la manière dont elle avait été accueillie à la cour. Le Journal encyclopédique du 15 mai 1761 contient la lettre de La Vallière du 9 avril (voyez n° 4519), et la réponse de Voltaire. (B.)